Tribune : « COMMENT RELANCER L’ECONOMIE POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA RDC »

Le 20 janvier 2024, le jour de son investiture, Son Excellence Monsieur Felix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République, Chef de l’Etat, a énuméré six engagements à réaliser dans ce quinquennat, dont trois concernent le secteur économique à savoir :

  • « créer plus d’emploi : en accélérant la promotion de l’entreprenariat notamment celui des jeunes, et au moyen d’une approche volontariste inspirée de nos réalités sociétales » ;
  • « protéger le pouvoir d’achat des ménages : en stabilisant le niveau de l’inflation et en maîtrisant le taux de change » ;
  • « de poursuivre la diversification de notre économie et d’accroître sa compétitivité : en optant pour la transformation de nos produits agricoles et miniers bruts sur notre sol ».

Georges-Kettel YAMBA NGOIE, Economiste et Administrateur à COBIL SA ; fort de son expérience acquise dans l’exercice de ses fonctions en tant que Conseiller en charge des produits stratégiques (eau, électricité, ciment, produits pétroliers) et des questions financières au Ministère de l’Economie Nationale (pendant 10 ans), et de Conseiller Administratif, Economique et Financier au Ministère de l’intérieur et Sécurité (pendant 10 ans), se fondant sur les trois engagements susmentionnés, se permet librement de publier cette réflexion comme sa contribution au développement de la RDC, sa chère Patrie.

Il se dégage quatre thématiques dans ces engagements de Son Excellence Monsieur le Président de la République, à savoir la création d’emploi, l’entrepreneuriat, la préservation du pouvoir d’achat et la diversification de l’économie.

  1. Création d’emploi

Le taux de chômage en République démocratique du Congo pour 2022 était de 84 %. C’en est de trop. Ainsi, la lutte contre le chômage doit constituer un des axes prioritaires parmi ces trois engagements en vue d’assurer la relance d’une économie florissante axée sur les résultats, notamment « le Développement Economique de la RDC ».

Les actions à mener consistent pour le Gouvernement de la RDC de créer des richesses de manière pérenne. Il sied de noter que le secteur public a du mal à résorber le chômage à cause de sa politique salariale qui n’attire pas les demandeurs d’emploi, par contre le secteur privé quant à lui peut résoudre ce problème à travers les PME, l’octroi des crédits à l’économie à des taux préférentiels.

2. Entrepreneuriat

La liberté d’entreprendre est reconnue sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo. Tout congolais est libre d’entreprendre, sur l’ensemble du territoire national, toute activité civile, sociale ou commerciale de son choix et d’y mettre fin dans les conditions fixées par la loi.

Lire aussi  Réélection de F. Tshisekedi en 2023: Jean-Thierry Monsenepwo table sur le bilan de l’IGF, « grâce à qui l’assiette du trésor public congolais voit ses recettes gonfler chaque mois »

Mais l’absence des mesures d’encadrement de jeunes entrepreneurs, qui tombent facilement en faillite après 24 à 36 mois d’activité est un obstacle majeure en RDC. Le Gouvernement doit mettre en place des structures d’accompagnement de ces jeunes entrepreneurs surtout que la culture de l’entrepreneuriat n’est pas bien assise dans le mental des congolais, car comment expliquer que les libanais, les indo-pakistanais, les chinois et autres étrangers réussissent dans ce secteur ?

Le Gouvernement de la RDC a quand même fourni des efforts considérables dans le secteur de l’entrepreneuriat par la mise en place du Fonds de Garantie de l’Entrepreneuriat au Congo (FOGEC), l’Agence Nationale de Développement de l’Entrepreneuriat Congolais (ANADEC) et le protocole d’accord de collaboration signé entre le FOGEC et le Fonds pour la Promotion de l’Industrie (FPI), pour le financement des projets de jeunes entrepreneurs.

De même, l’Autorité de Régulation de la Sous-Traitance dans le Secteur Privé (ARSP) dont l’objectif est de réglementer les activités de sous-traitance commandées par des entreprises privées donneurs d’ordre opérant dans tous les secteurs de l’économie nationale, joue un très grand rôle de régulateur, et constitue un outil important du Gouvernement de la République dans la mise en place de sa politique de diversification de l’économie nationale et de création des conditions favorables à l’émergence d’une classe moyenne d’entrepreneurs congolais.

Ces efforts du Gouvernement sont hélas, insuffisants. La vraie solution consiste en la création des banques de développement avec plusieurs branches, notamment la banque pour le développement de l’agriculture, la banque pour le développement de l’élevage, la banque pour le développement de la pêche, la banque pour le développement de l’industrie artisanale, la banque pour le développement de l’habitat, etc., qui sont à 100% constituées des capitaux congolais avec une main-d’œuvre nationale. Il est clair que cet engagement de Son Excellence Monsieur le Président de la République apporte largement une solution en ce qui concerne la création d’emplois.

3. Préservation du pouvoir d’achat

Le pouvoir d’achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter.
Il dépend alors du niveau du revenu et du niveau des prix. Le revenu mensuel moyen en République Démocratique du Congo est d’environ 60 USD par personne. Il est très faible et nécessite d’être amélioré.

Lire aussi  Lutte contre la vie chère en RDC : voici les mesures structurelles et conjoncturelles que propose Thierry Monsenepwo au Gouvernement

L’amélioration du pouvoir d’achat implique l’amélioration du revenu des congolais. Il suffit juste de mettre en pratique les différentes recommandations existantes, notamment la création de la classe moyenne, la loi sur la sous-traitance et l’exercice du petit commerce et du commerce de détails exclusivement réservés aux nationaux, une bonne distribution de la richesse, qui entraine ipso facto l’augmentation du PIB par habitant. Bref, cet engagement de Son Excellence Monsieur le Président de la République est tributaire de celui sur l’entrepreneuriat.

4. Diversification de l’économie

  • La croissance basée sur l’économie traditionnelle :

Selon Google « la croissance économique désigne la variation positive de la production de biens et de services dans une économie sur une période donnée, généralement une longue période ».

En pratique, l’indicateur le plus utilisé pour la mesurer est le produit intérieur brut (PIB). Le PIB par habitant en République Démocratique du Congo est, selon les estimations du Fond monétaire international, d’environ 714 dollars en 2024, contre environ 512 dollars en 2014.

Après avoir atteint un pic de 8,9 % en 2022, la croissance du PIB réel en RDC est restée robuste à 7,8 % en 2023, soutenue par un secteur minier dynamique, qui a progressé de 15,4 % contribuant à environ 70 % de la croissance globale en 2023.

Le Gouvernement de la RDC à un très grand rôle à jouer car le développement de notre pays est un défi qu’il est le seul à pouvoir relever. La grande dépendance de l’économie congolaise au secteur minier, dont l’impact est très limité en termes de création d’emploi, plombe le processus de développement économique. D’où la nécessité de diversifier son économie dans des secteurs créateurs d’emplois, et à forte valeur ajoutée, avec un impact visible sur l’amélioration des conditions de vie de la population.

L’explosion de la croissance est possible en RDC et peut atteindre deux chiffres à moyen terme si on développe les branches économiques comme le secteur primaire (l’agriculture, l’élevage, la pêche), le secteur secondaire (l’industrie manufacturière ou de transformation) ainsi que le secteur tertiaire (services non marchands), qui somme toute, son créateurs d’emplois à profusion.

Lire aussi  Kinshasa : à Lemba, l'État donne carrière aux petits commerçants n'ayant pas la culture de civisme fiscal (dossier)

Le secteur primaire doit être la priorité des priorités. Comme j’ai eu à le dire dans une de mes précédentes tribunes, le cas de la révolution verte en Inde est éloquent car le pays a pu apporter en quelques années l’autosuffisance alimentaire.

La RDC qui dispose de 80 millions d’hectares de terres arables, dont moins de 10% sont mises en valeur, et dispose d’une pluviométrie annuelle de plus de six mois est capable de développer son économie à moyen terme par l’agriculture.

De même, nos lacs, nos rivières ainsi que le fleuve Congo, regorgent d’une variété de poissons qui meurent de vieillissement. Il suffit de prendre de bonnes décisions, notamment la création des coopératives pour améliorer le revenu des paysans, et absorber les produits issus de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage.

Enfin, la formalisation et la transformation du secteur informel peut ramener ces sous-emplois dans l’économie réelle, booster le PIB de manière considérable, et à moyen terme engager le processus de développement de la RDC sur une économie diversifiée.

Le forum économique RDC-Chine de septembre 2024 a mis un accent particulier sur l’agriculture, étant donné que ce géant asiatique a développé son économie par l’agriculture.

  • La croissance basée sur l’économie circulaire :


Le Gouvernement de la RDC devrait intensifier l’application de l’économie circulaire au regard de son impact environnemental.

L’économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, réutiliser, réparer, rénover et recycler les produits et les matériaux existants le plus longtemps possible afin qu’ils conservent leur valeur.

De cette façon, le cycle de vie des produits est étendu afin de réduire l’utilisation de matières premières, l’émission des gaz à effet de serre et la production de déchets. 

En pratique, cela implique de réduire les déchets au minimum. Lorsqu’un produit arrive en fin de vie, les ressources qui le composent sont maintenues autant que faire se peut dans le cycle économique grâce au recyclage. Elles pourront ainsi être utilisées encore et encore pour recréer de la valeur. 

Il s’agit d’une rupture par rapport au modèle économique traditionnel et linéaire, qui repose sur le principe du « prendre-fabriquer-consommer-jeter« . 

Fait à Kinshasa, le 6 septembre 2024

Georges-Kettel YAMBA NGOIE, Administrateur à COBIL SA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *