Réponse chrétienne et citoyenne de l’Ambassadeur Jean Thierry Monsenepwo à la Déclaration de la CENCO sur la peine de mort (Intégralité)
Préambule.
Nous saluons le rôle prophétique et pastoral de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), gardienne de la foi, de la conscience et de la dignité du peuple congolais.
Cependant, il convient de rappeler que si Dieu est le seul auteur de la vie, Il a également délégué à l’autorité publique le droit et le devoir de protéger la société et de rendre justice, conformément à l’Écriture :
📖 « Il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu. car elle est ministre de Dieu pour ton bien ; mais si tu fais le mal, crains, car ce n’est pas en vain qu’elle porte l’épée. » (Romains 13, 1-4)
Ainsi, la justice humaine, lorsqu’elle agit avec droiture et équité, s’inscrit dans le prolongement de la loi divine.
- “Dieu seul est l’auteur de la vie et Lui seul a autorité sur son commencement et sa fin” (Gn 1,26-27)
✅ Oui, la vie humaine est sacrée, car l’homme est créé à l’image de Dieu.
Mais dans sa souveraineté, Dieu a établi des principes de justice pour préserver cette vie. Celui qui ôte volontairement la vie d’autrui commet un crime grave qui appelle jugement :
📖 « Celui qui verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé, car Dieu a fait l’homme à son image. » (Genèse 9,6)
Cette parole, postérieure au déluge, exprime un principe moral universel et intemporel.
- Du moratoire à l’abolition : une position à nuancer.
La CENCO estime que la peine de mort représente un échec moral.
Cependant, la Parole de Dieu enseigne que l’autorité terrestre est instituée pour punir le mal :
📖 « Les autorités sont ministres de Dieu pour exercer la vengeance contre celui qui fait le mal. » (Romains 13, 3-4)
➡ Ainsi, lorsque la justice humaine agit dans la vérité et l’équité, elle ne contredit pas la loi divine, elle la met en œuvre.
- “Tu ne tueras point” (Ex 20,13).
Ce commandement interdit le meurtre injuste, non l’exercice légitime de la justice.
La loi mosaïque elle-même prévoit des peines capitales pour certains crimes particulièrement graves (Exode 21,12-14 ; Lévitique 24,17 ; Nombres 35,30-33).
📖 « Celui qui frappe un homme et qu’il en meurt sera puni de mort. » (Exode 21,12)
➡ Le commandement « Tu ne tueras point » condamne le meurtre illégitime, mais n’interdit pas à l’État de punir le meurtrier.
- “La peine de mort n’est pas compatible avec l’Évangile.”
L’Évangile proclame le pardon et la rédemption, mais ne nie pas la justice.
Le Christ Lui-même reconnaît l’autorité judiciaire :
📖 « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut. » (Jean 19,11)
Et sur la croix, le bon larron reconnaît la légitimité de sa condamnation :
📖 « Pour nous, c’est justice, car nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes. » (Luc 23,41)
➡ La grâce divine sauve l’âme du pécheur repentant, mais n’efface pas sa responsabilité pénale.
- L’indépendance de l’Église et la mission de l’État.
La CENCO invoque Gaudium et Spes n°76 pour rappeler la séparation entre l’Église et l’État.
C’est exact. Mais cette séparation n’implique pas l’abolition de la mission judiciaire confiée à l’État.
📖 « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » (Luc 12,14)
➡ Le rôle de l’Église est d’éclairer les consciences, celui de l’État est d’assurer la justice et la sécurité.
- Le dialogue et la paix véritable.
Le dialogue est évangélique (Matthieu 5,9), mais il ne remplace pas la justice.
La paix durable se fonde sur la vérité et la sanction du mal :
📖 « Le fruit de la justice sera la paix. » (Ésaïe 32,17)
➡ Pardonner ne signifie pas abolir la justice, mais la vivre dans la vérité et l’équité.
- “Une paix juste ne peut être obtenue par les armes.”
Certes, la guerre est un mal.
Mais la justice peut être coercitive, car Dieu confie à l’État le glaive moral et judiciaire :
📖 « Elle ne porte pas le glaive en vain. » (Romains 13,4)
➡ Il ne s’agit pas d’un glaive d’agression, mais d’un instrument d’ordre et de protection.
- Contre la culture de mort et la balkanisation.
Nous rejoignons la CENCO dans sa dénonciation de la culture de mort.
Mais cette lutte doit cibler les criminels, les agresseurs, les violateurs, et non l’État qui rend justice.
📖 « Ô homme, on t’a fait connaître ce qui est bien : pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec ton Dieu. » (Michée 6,8)
➡ Punir le mal, c’est protéger la vie.
- Prière pour la miséricorde et la paix.
Avec la CENCO, nous invoquons Notre-Dame du Congo pour qu’elle intercède auprès de Dieu :
qu’Il éclaire les gouvernants, inspire la justice et accorde à notre nation une paix véritable, fondée sur la vérité, la justice et le pardon.
Conclusion :
Dieu est l’auteur de la vie,
• Il est aussi le législateur de la justice,
• et Il mandate l’autorité pour protéger l’innocent et punir le coupable (Romains 13,1-4).
Ainsi, la peine de mort, lorsqu’elle est légale, équitable, exceptionnelle et orientée vers la protection du bien commun, ne contredit pas la loi divine :
elle affirme la valeur sacrée de la vie en rappelant que celle-ci ne peut être ôtée que par Dieu ou par l’autorité qu’Il a instituée pour juger le crime.
📖 « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés. » (Matthieu 5,6)
Jean Thierry Monsenepwo, Ambassadeur
