« Vitale Kamerhe : Entre allégeances troubles et compromission politique au sommet de l’État congolais »[Tribune d’Éric Kamba, analyste politique]

I. Introduction

La scène politique congolaise est marquée par des figures controversées dont le parcours soulève des questions fondamentales sur la loyauté, la transparence et l’intégrité dans la gestion des affaires publiques. Parmi ces figures, Vitale Kamerhe, actuellement président de l’Assemblée nationale, incarne une contradiction profonde entre l’image d’un homme d’État et les soupçons persistants de duplicité. Détournement de fonds, identité controversée, silence face à l’agression rwandaise… tant d’éléments qui jettent une ombre sur son rôle dans la vie politique de la République Démocratique du Congo (RDC).

II. Une origine contestée : Un homme sans ancrage national clair

Vitale Kamerhe, né Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi, fait l’objet de nombreuses spéculations sur ses origines. Officiellement congolais, il est néanmoins présenté par certaines sources comme d’origine burundaise, voire rwandaise. Ce flou identitaire, dans un contexte régional marqué par les tensions ethno-nationales et les ambitions expansionnistes du Rwanda, n’est pas anodin. Il soulève une interrogation légitime : un homme dont les racines sont potentiellement liées à un pays agresseur peut-il défendre avec loyauté les intérêts de la RDC ?

L’histoire récente de l’Est du Congo, marquée par les infiltrations rwandaises dans les institutions et l’armée congolaise, donne à cette question un caractère crucial. Le « mixage » et le « brassage » des troupes, sous couvert d’unification nationale, ont souvent servi de paravent à l’infiltration des éléments pro-rwandais. Kamerhe, par son positionnement politique, apparaît comme un des instruments de cette stratégie.

III. Le scandale du détournement des fonds du programme de 100 jours

Nommé directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi en 2019, Vitale Kamerhe devient un acteur central du programme de 100 jours, une initiative présidentielle visant à relancer rapidement des projets d’infrastructure. Pourtant, ce programme devient rapidement synonyme de corruption.

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Plus de 50 millions de dollars disparaissent dans des circuits opaques, liés à des entreprises fictives ou des marchés surfacturés. Kamerhe est arrêté, jugé, puis condamné à 20 ans de prison pour détournement de fonds publics. Cependant, à la surprise générale, il bénéficie d’une remise de peine et d’un relâchement rapide, dans un contexte marqué par des pressions politiques et des interventions directes du chef de l’État.

Cette remise en liberté, suivie d’un retour fulgurant au sommet du pouvoir législatif, montre la défaillance du système judiciaire congolais et l’impunité des élites politiques, même dans les affaires les plus graves. Pour beaucoup, cela symbolise la trahison de la promesse de rupture portée par le président Tshisekedi.

IV. Un silence complice face à l’agression rwandaise

Depuis son retour en politique, Vitale Kamerhe occupe l’un des postes les plus sensibles du pays : président de l’Assemblée nationale. À ce titre, il devrait incarner la voix du peuple et défendre la souveraineté de l’État.

Or, jamais il ne s’est exprimé publiquement contre l’agression rwandaise en cours dans l’Est du pays, ni contre les crimes commis par les rebelles du M23, soutenus par Kigali. Son mutisme contraste fortement avec les attentes d’un responsable d’envergure nationale, d’autant plus que le Rwanda est identifié comme l’un des principaux responsables du chaos sécuritaire à l’Est de la RDC.

Ce silence est interprété par beaucoup comme une forme de connivence ou de sympathie envers les intérêts rwandais. Dans un pays où les élites infiltrées par des réseaux pro-rwandais œuvrent à la dislocation de l’unité nationale, l’attitude de Kamerhe suscite une inquiétude légitime.

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V. Un symbole de l’échec de l’élite politique congolaise

Le cas Kamerhe illustre un mal plus profond : la trahison des élites congolaises, prêtes à vendre les intérêts du pays pour leur survie politique. Plutôt que d’incarner la rupture, il incarne la continuité d’un système où les alliances mafieuses, les compromissions ethno-politiques et les calculs géopolitiques l’emportent sur la loyauté envers la nation.

La banalisation du phénomène de « brassage » et « mixage » au sein des institutions, notamment dans l’armée, a permis à des agents d’influence extérieurs de s’installer durablement au cœur de l’État congolais. Kamerhe apparaît comme l’un des rouages de cette stratégie de dilution de la souveraineté nationale.

VI. Conclusion : Les masques doivent tomber

À l’heure où la RDC est confrontée à une guerre existentielle à l’Est, le peuple congolais a le droit de savoir qui est qui dans ses institutions. Il est impératif de démasquer ceux qui, derrière des fonctions officielles, servent des intérêts contraires à ceux de la nation. L’affaire Vitale Kamerhe, loin d’être un cas isolé, doit servir de révélateur.

Il ne peut y avoir de paix durable, ni de développement crédible, tant que des individus soupçonnés de détournement, de duplicité identitaire et de collaboration passive avec l’agresseur, continuent à occuper des positions stratégiques dans l’État.

Le temps est venu pour le peuple congolais de reprendre en main son destin. Le temps est venu pour la vérité de briser les chaînes de la manipulation et du mensonge. Les masques doivent tomber.

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